Biomimétisme, Bio-inspiration

Quand la nature inspire l’architecture

Qu’est-ce que le biomimétisme en architecture ?

D’un train à grande vitesse japonais, à un centre commercial du Zimbabwe en passant par l’invention du velcro, nombreuses sont les innovations que l’on doit à la nature. C’est ce que l’on appelle le biomimétisme ou la bio inspiration.

Ce processus scientifique ne date pas d’hier, puisque déjà au XVe siècle, Léonard de Vinci s’inspirait du battement des ailes des oiseaux pour son Ornithoptère, aussi connu sous le nom de « machine volante ».

Aujourd’hui rares sont les secteurs qui ne succombent pas au biomimétisme ! Et l’architecture ne fait, bien sûr, pas exception ! 

Découvrez dans cet article ce que recouvre l’architecture biomimétique.   


Le biomimétisme, une reconnexion à la nature

Le biomimétisme, aussi appelé bio-inspiration, est un processus scientifique qui s’inspire du vivant. L’observation et l’inspiration de la nature constituent les principaux mécanismes de cette pratique.

L’objectif est de trouver des solutions applicables à des problématiques humaines. À la fin des années 1990, la scientifique Janine Benyus décrivait le biomimétisme comme la façon « d’aider les innovateurs à concevoir des produits et des processus durables qui créent des conditions propices à toutes les formes de vie ». Il ne s’agit donc pas de copier la nature, mais bien d’en tirer le meilleur.

S’inspirer du vivant peut permettre de renouer avec la nature et de nous rendre compte des merveilles qu’elle peut nous offrir. La révolution industrielle, l’essor des grandes villes et l’hyper consommation ont établi une distance entre l’être humain et la nature. Grâce à la bio-inspiration, l’heure est à la réconciliation ! Cet essor s’explique par une évolution des mentalités et une appréhension politique et sociale de l’environnement. Le biomimétisme constitue un cadre pertinent pour s’engager dans l’innovation durable. 

En bref, l’espace qui nous entoure est une véritable mine d’or. Et les architectes du monde entier l’ont bien compris ! 

Le mariage de l’architecture et du vivant

Face aux enjeux environnementaux et de développement durable, le secteur du bâtiment et de la construction est, plus que jamais, confronté à un besoin d’innovation. Il représente 38 % des émissions mondiales de CO2 ! Année après année, les architectes se sont aperçus que l’observation de la nature permettait d’innover durablement, notamment pour les bâtiments publics. Depuis, le vivant est devenu leur nouvelle source d’inspiration et la recherche architecturale a pris un nouveau tournant.

En architecture, le biomimétisme entraîne des coûts environnementaux et financiers moindres que les solutions additives conçues par l’être humain. En effet, selon le biologiste Peter Niewiarowski, si ces dernières sont basées sur l’utilisation de matériaux et d’énergie, deux ressources chères, les processus naturels, quant à eux, exploitent des fonctionnalités uniques. Un processus qui revient à faire mieux avec moins.

Les trois axes de la bio-inspiration en architecture

La nature constitue une source inépuisable d’inspiration pouvant faire l’objet de conception architecturale. En pratiquant l’architecture biomimétique, tous n’aspirent qu’à une chose : proposer une conception architecturale durable, en phase avec l’usage que l’on va en faire. 

Ensuite, il leur revient de choisir le niveau d’inspiration qui leur semble le plus adapté à leur projet.

L’inspiration sur la forme consiste à s’inspirer d’un être spécifique comme un animal, une plante ou encore un fruit. Il peut impliquer l’imitation d’une partie de l’organisme ou de son ensemble. En architecture, c’est le niveau d’inspiration le plus répandu.

Un exemple ? La façade extérieure de l’Esplanade Theater. En effet, le centre culturel de Singapour s’inspire de la peau des fruits de durian. Cette carapace composée de panneaux d’aluminium filtre la lumière naturelle et change de position en fonction du soleil. Plus qu’une simple impulsion esthétique, cette conception, inspirée de la nature, a permis la réduction de la consommation totale du bâtiment de 30 % et celle de l’utilisation d’éclairage artificiel de 55 % ! 

L’inspiration fonctionnelle se réfère au comportement d’un être vivant. Un des projets les plus connus de cette approche est signé Mike Pearce. Il s’agit de l’Eastgate Building au Zimbabwe, un centre commercial qui s’inspire de la régulation thermique des termitières pour maintenir une température stable et homogène dans un espace accueillant beaucoup de monde. Là encore des économies sont réalisées. On remarque une réduction de 35 % du recours à la climatisation par rapport à un immeuble classique. L’inspiration écosystème s’inspire d’un ensemble de comportements formés par une communauté d’êtres vivants. Cette conception biomimétique a pour objectif la mise en place d’une économie circulaire. Autrement dit, la mise en place d’un espace qui s’autogère et s’autorégule afin d’atténuer au maximum l’impact sur l’environnement. 

Et l’intérieur ?

Si la bio-inspiration s'observe souvent à l’extérieur des bâtiments, c’est à l’intérieur que l’on ressent ses bienfaits. En effet, elle influence souvent l’acoustique, la thermique et la lumière. Autant de critères déterminants pour le bien-être des occupant·es !

De plus, certains matériaux inspirés du vivant sont réservés à l’aménagement intérieur. C’est le cas d’une moquette mise au point par Interface, le premier fabricant mondial de revêtements de sol à vendre uniquement des produits neutres en carbone sur toute la durée de leur cycle de vie. Elle s’inspire des sols naturels, comme ceux des forêts notamment au niveau de la recyclabilité, du design et de l’ordre aléatoire d’installation. Elle s’inspire également des pattes du gecko pour son adhérence au sol. 

Vous l’aurez compris, l’adage  « la nature fait bien les choses », vaut aussi pour l’architecture !